ST KILDA, L’ILE DU BOUT DE L’EUROPE

Des îles isolées en plein Atlantique. Un héritage exceptionnel que l’UNESCO a classé à la fois au patrimoine mondial culturel et naturel. A l’ouest des Hébrides extérieures, cette possession écossaise représente le territoire le plus lointain du nord-ouest de l’Europe. Il faut trois heures pour rejoindre cet archipel. Seules une poignée de touristes visitent St Kilda chaque année, moins de 50 par jour autorisés quand le mauvais temps de nous empêche pas d’y accoster. Tout cela en fait peut-être le site de l’UNESCO le plus inaccessible d’Europe. J’ai fait partie des chanceux. Un de mes voyages les plus inoubliables.

 

ST KILDA, PATRIMOINE CULTUREL

 

Avant le travail des hommes, il y a eu celui de Dame Nature. Il y a 60 millions d’années, un volcan entra en activité pour sortir de mer les îles. La glace, la pluie et la mer se sont occupées du reste pour façonner un paysage qui surgit de mer après quelques heures de navigation.  St Kilda est en réalité un archipel. L’île principale où vous accosterez pour la demi-journée se nomme Hirta. Les autres Dun et Soay. Sans oublier les pics rocheux qui s’élancent dont le Stac an Armin est le plus élevé en mer du haut de ses 191 mètres.

 

Si la temporalité des Hommes semble bien courte face à la géologie, soulignons qu’ils vivent ici depuis des milliers d’années. Quand on se trouve à St Kilda, on se demande comment ils ont pu vivre si longtemps isolés de tout. Le site de l’UNESCO est inscrit au patrimoine culturel à cause des cleits, des greniers en pierre sèche mais aussi à cause de ses maisons en pierre caractéristiques des Highlands.

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, les habitants de l’île ne furent pas de grands pêcheurs. Il n’y a aucun arbre qui permettrait de construire des bateaux. Et quand ils en avaient, impossible de les réparer. D’ailleurs, les St Kildiens ne savaient pas nager. La base de leur alimentation, ce sont les oiseaux de mer qu’ils allaient chasser à flanc de falaise. Il faut se rendre à St Kilda pour comprendre ô combien cette tâche était périlleuse. Les œufs étaient la principale nourriture des habitants de l’île, en particulier ceux des fous de Bassan et des fulmars. Mais les oiseaux étaient aussi mangés sauf les fulmars car ils ne pondaient qu’un œuf par an et on voulait conserver cette ressource en œufs.

Les images du musée nous montrent des tas de cadavre de macareux et fous de Bassan. Il fut même une année où on tu plus de 80 000 macareux. Chaque été, ils étaient chassés, déplumés, séchés et stockés dans les cleits pour passer l’hiver. Pendant cette saison, les oiseaux étaient partis pour d’autres destinations, il n’y avait donc plus d’œufs. Les plumes et l’huile étaient gardées pour être exportées, ce qui prouve que l’archipel n’était pas tout en fait en marge du monde extérieur. Il fallait de toute façon payer le loyer car l’île n’appartenait pas à ses habitants. Les os devenaient des outils tandis que la peau était réemployée pour fabriquer des chaussures. Tous ses éléments nous prouvent à quel point les habitants utilisaient les ressources dont ils disposaient.

 

Cependant, la vie sur l’île est très rude. Certes, au XIXe siècle, elle attire les touristes. A cette même période, l’écriture parviendra sur l’île. Les jeunes, de plus en plus en contact avec les étrangers, sont attirés par le continent. Ils partent petit à petit. En 1930, les 36 derniers habitants de St Kilda prennent la décision de quitter les îles du bout du monde. C’est la fin d’un mode de vie unique. C’est le seul au cas au monde où une population quitte sa terre natale à cause de l’hostilité de la nature. Toutefois, certains de ces survivants décideront à leur mort d’être enterrés ici.

ST KILDA, PATRIMOINE NATUREL

 

Lorsqu’on approche des rochers vertigineux de St Kilda après plusieurs heures de traversée, c’est l’ébahissement qu’on ressent. C’est sur Hirta, l’île principale qu’on accoste. Sa forme est particulière. On dirait qu’on se trouve dans un immense amphithéâtre naturel. Les seuls hommes qui s’y trouvent sont des scientifiques. Quelques moutons peuplent l’endroit ainsi que des papillons et des souris. Rien de plus. Autant dire qu’on prend son pique-nique car aucun café ne viendra vous servir quoique ce soit. En revanche, il y a des toilettes. Certains privilégiés pourront y camper une soirée en réservant bien à l’avance. Les autres se contenteront de quelques heures.

Hirta n’est en soit pas très grande. Mais il y a plein d’endroits à explorer. Bien sûr les cleits et les maisons de pierre mais aussi la crète vers laquelle il faut se rendre d’un pas prudent. Une chute et c’est la fin. C’est donc à cet endroit que nous avons décidé de déjeuner. Le spectacle est magique. Tout d’abord, c’est ici qu’on se rend compte qu’on est perdu dans l’Atlantique. Seules deux petites îles aux falaises à pic et d’immenses formations rocheuses sont à proximité. Mais c’est aussi là que vous verrez la plus importante colonie de fulmars de Grande-Bretagne. 68 000  couples d’oiseaux qui y ont trouvé refuge. Ils tournent en rond dans les airs à l’affût de leur repas.

Si on vient à St Kilda, c’est aussi pour ses oiseaux de mer. Vers 15h, l’équipage vient vous rechercher mais avant de vous ramener sur la terre ferme, vous vivrez l’un des plus beaux tours en mer de votre vie. C’est la plus importante colonie d’oiseaux de mer au monde. En été, ils peuvent être jusqu’à un million. C’est une véritable symphonie. Aucune photo, aucune vidéo n’est capable de rendre ce que j’ai vu ou entendu. 60 000 couples de fous de Bassan se nichent dans les gros rochers. C’est la colonie la plus importante au monde. Ce n’est pas la première fois que je voyais ces oiseaux mais ce sont sûrement ceux qui me fascinent le plus. Ils partent loin en mer, volent très haut et ont la vue aiguisée pour voir les poissons. Lorsqu’ils plongent, c’est ahurissant.

 Les macareux, ces petits oiseaux mignons au pelage noir, à la tête blanche et au bec orangé, eux se posent sur la surface et peuvent plonger à de grandes profondeurs. 160 000 couples y logent, soit la plus grande colonie de Grande-Bretagne. Là où ils sont le plus nombreux, c’est sur l’île de Skellig Michael en Irlande. Il existe bien d’autres espèces comme par exemple les cormorans. Attention à eux car sur l’île d’Hirta, leurs nids sont à terre et pas sur les falaises. Si vous vous approchez de leurs œufs, difficilement visibles, ils foncent sur vous et volent au raz de votre tête. Ça nous est arrivé.

Enfin, il y a les moutons de Soay dont une partie a été transférée à Hirta pour étudier leur patrimoine génétique. En effet, ces moutons sont uniques et seraient peut-être les plus vieux du monde. L’archipel étant très isolé, très peu d’espèces s’y trouvent. Sur les 367 papillons et rongeurs enregistrés dans les Hébrides extérieures, seuls 58 sont présents à St Kilda.

 

Informations pratiques sur St Kilda: 

Quand s’y rendre?: Ce n’est possible qu’entre avril et septembre 6 jours par semaine. Réservez très tôt vers janvier à l’ouverture de la billetterie. Les places partent très vite.

Comment s’y rendre?:  Il n’existe que quelques compagnies à partir de l’île de Skye ou de South Harris. Attention, les prix ne sont pas donnés. Ils sont autour de 200£ par personne et diffèrent selon les compagnies. Vous avez l’option Two days Window ou Stand by Trip.  La première option veut dire que si vous ne pouvez pas partir à cause du mauvais temps, vous serez prioritaires sur les Stand by Trip le lendemain qui eux ne pourront pas partir. Beaucoup d’annulations ont lieu à cause de la météo. Autant s’y préparer.

Quelles compagnie choisir? J’ai choisi la compagnie Sea Harris. Le départ est à 8h00 du matin avec un retour à 17h00. Autant bien choisir l’emplacement de votre logement.  Nous logions à Lewis au nord or le port de Leverburgh était à 2 heures de route. On s’est donc levé très tôt. En partance de Skye, vous pouvez prendre la compagnie Go to St Kilda. C’est plus cher à partir de Skye (260£ par personne) sûrement parce que la traversée est plus longue. Le départ est au nord-ouest de l’île.Si vous voulez camper une nuit, il vous faudra débourser plus de 400£. Prenez votre pique-nique car il n’y a rien à manger sur place.

 

MON AVIS SUR ST KILDA

St Kilda restera à jamais l’un des endroits dont je me souviendrai à vie car il y a peu de chances que j’y retourne. On est vraiment seul au monde et la nature nous rattrape complètement. Les vestiges nous ramènent dans un passé qui semble à jamais figé. Toutefois, ce patrimoine reste à préserver. Menacé par l’érosion et les marées noires, c’est un bijou qu’il sera difficile de conserver.

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