Accessible en ferry ou par la route via un petit pont, l’île de Skye est la plus grande île des Hébrides intérieures. C’est l’image que l’on se fait de l’Ecosse. De petites montagnes vertes toujours arrosées par la pluie, des lochs plus ou moins grands et des occasions incroyables de randonner. Les nuages ne cessent de se promener dans le ciel pour nous offrir un nouveau tableau chaque seconde. L’île de Skye incarne bien la magie des Highlands.
JOUR 1/ UNE JOURNEE AU LOCH CORUISK
Le Loch Coruisk est pour moi le plus bel endroit sur Terre. C’est la raison pour laquelle je voulais y revenir cet été. Accessible soit par une longue randonnée difficile soit par bateau au départ d’Elgol, j’ai opté pour ce dernier.
Mais avant d’arriver à Elgol, le voyage m’a donné des sueurs froides. Pas très alerte avec le volant à droite, un pneu a crevé. Les routes de l’île de Skye ne sont pas non plus les meilleures. Alors que je devais arriver le matin pour partir au lac, je reportais le voyage pour midi. En attendant, je ne regrettais pas de ne pas avoir pris de compagnie lowcost pour la voiture. Sixt ne me faisait rien payer sur l’île de Skye. Il n’y a en tout que 2 garages et on a dû rebrousser chemin. C’est donc parti pour une heure dans l’autre sens. En revanche, les garagistes étaient d’une efficacité redoutable. En moins d’une heure, ils m’avaient pris en charge. On pouvait se rediriger vers le paradis.
Nous nous engageons ensuite sur la route B 8083 entre Broadford et Elgol. 45 minutes sur une route très cabossée avec des arrêts pour laisser passer les moutons. C’est aussi cela l’Ecosse. Mais quelle route. On contourne les Red Cuillins et on aurait même envie de s’y arrêter tellement le paysage est spectaculaire. C’est une des plus parties des Highlands. Et on termine par le petit village d’Elgol. Un conseil, garez vous le plus tôt possible car tout en bas, le parking est rempli.
Nous embarquons pour un voyage de 30 minutes. Les montagnes se rapprochent et mon cœur bat la chamade. Certains téméraires font ici du paddle ou du canoë. Les phoques se prélassent sur les rochers. Les cascades jaillissent des montagnes. C’est féerique.
On accoste enfin. Nous posons les pieds sur le massif du Black Cuillin. A ses pieds, le loch Coruisk. Le cadre est enchanteur. Avec nos péripéties, nous n’avions plus que 4 heures sur place au lieu des 6 heures prévues. Nous nous sommes lancés à la conquête d’un des plus beaux lochs d’Ecosse, le plus beau selon moi. 4 heures, c’est le temps qu’il faut pour en faire le tour avec la pause pique-nique. Le terrain est spongieux. Nous faisons des détours pour ne pas avoir les pieds dans l’eau. Mais nous sommes seuls au monde. Toutefois, beaucoup de gens ne restent que deux heures sur place, ils n’entreprennent pas la grande randonnée. Le ciel se couvrait parfois mais nous n’avons reçu aucune goutte. Un vrai miracle dans cette région.
Nous reprenons le bateau puis la route … avant de crever un nouveau pneu, comme un écho à la matinée.
JOUR 2/ IVRE DE LA FAUNE
Tellement déboussolé par les crevaisons, j’ai décidé de laisser le volant. Plus détendu, ce deuxième jour nous réservait d’aussi belles surprises.
MATIN : TALISKER DISTILLERY: A LA DECOUVERTE DU NECTAR ECOSSAIS
Nous logions au nord de l’île et nous devions retourner à Elgol au sud pour midi. Nous avons décidé de ne pas gâcher notre matinée et de placer une visite au milieu. L’Ecosse étant la contrée du whisky, il nous semblait important d’aller voir comment on le produisait. Le whisky n’est pas qu’un cliché sur l’Ecosse. Il a aussi été un facteur d’identité et de rébellion contre l’Angleterre lorsqu’au XVIIIe siècle, celle-ci taxe le malt alors que le Traité d’Union entrait en vigueur. Talisker est une des plus grandes marques qui existe.
On nous montre d’abord les graines qu’on utilise pour le malt. Ces graines seront séchées dans un four, ce qui apporte le côté fumé au scotch. Les étapes suivantes, le brassage et la fermentation, suivent le même processus que la bière. La particularité du whisky, c’est donc la distillation. Nous terminons notre visite par la conservation du nectar. Les mélanges, le tonneau, la distillation, le temps de maturation… voilà les ingrédients qui donnent le goût au whisky. Les variétés d’orge ou de malt utilisées n’y sont pas pour grand-chose. On est bien loin de la notion de terroir chère au vin. C’est une visite express que je vous fais là mais approfondissez vos connaissances dans l’une des distilleries d’Ecosse car c’est vraiment intéressant. Je ne suis pas un expert et j’invite tous ceux qui le souhaitent à me reprendre ou à compléter.
J’ai été assez étonné d’apprendre que le pays qui produisait le plus de whisky dans le monde était l’Inde. Sachez aussi que le whisky japonais dont on parle tant est produit en Ecosse. Seule sa maturation se fait au pays du soleil levant! Enfin, pour qu’un whisky soit considéré comme un scotch, il doit être produit en Ecosse et sa teneur en alcool doit être au moins de 40%.
APRES-MIDI : AUTOUR DES SMALL ISLES
Je retournais sur la plage d’Elgol pour embarquer de nouveau. Au départ, je voulais me rendre sur l’île d’Eigg. Ce qui m’avait intéressé, c’est qu’elle avait été rachetée par ses habitants. Mais on m’informa d’un changement de programme. On me propose les Small isles à la place. Dérouté au départ, ce fut une excellente après-midi. D’autant qu’à Elgol, on assiste par chance à une cérémonie de mariage à l’écossaise avec cornemuse pour accompagnement musical.
Nous partions donc pour les Small isles : Canna, Sanday, Soay et Rum. Ce qui nous a rassuré, c’est ce petit bateau où ne pouvions être que 10. J’ai horreur de ces grandes structures sur l’eau qui emmènent des tas de touristes. Je préfère payer plus cher pour des expériences plus authentiques. Nous faisions donc le tour des îles et la première fut celle de Canna. Sur ses falaises, les oiseaux étaient là par milliers : des macareux, des guillemots, des cormorans. C’est aussi l’occasion de voir quelques phoques.
On accoste une heure sur Canna, la seule des Small isles qui est habitée. 15 âmes seulement vivent sur ce petit bout de terre. Mais un petit café bien sympa nous accueille. Nous étions aussi les bienvenus dans une des riches demeures de l’île pour entendre un concert de piano lors d’une garden party organisée ce jour-là. Les notes qui s’en dégagent rompent à peine la quiétude du lieu.
Nous reprenons le bateau pour nous diriger vers Rum mais c’est le retour qui fut inoubliable. Un banc de dauphins apparaissait au loin. Puis ces mammifères marins sont devenus nos compagnons de route, nageant sous notre embarcation ou même à moins d’un mètre. Nous attendions avec impatience de voir leurs nageoires sortir de l’eau. Ils étaient une centaine, s’en allant et revenant sans cesse. Notre guide n’en croyait pas ses yeux. Il n’en avait jamais vu autant. Ce n’était pas du tout prévu au programme mais ça fait partie de mes plus belles surprises de voyage.
JOUR 3/ LA PENINSULE DE TROTTERNISH
Prenant le ferry à Uig l’après-midi pour nous rendre sur les Hébrides extérieures, on a préféré rester dans le nord de l’île. Nous voulions randonner un peu. On avait entendu parler de l’Old Man of Storr, une aiguille haute de 49 mètres qui culmine à 914 mètres de hauteur. Pour y parvenir, garez vous sur le parking fléché au bord de la route (sachez qu’il est payant). Il vous faudra entre 30 minutes et une heure pour arriver au sommet. C’est assez épuisant mais je m’étais mis en tête que je participais à Pékin express et qu’il y avait d’autres candidats qui pouvaient me rattraper. On se motive comme on peut. Les touristes sont plus nombreux ici. Mais la vue sur l’horizon est magnifique.
Informations pratiques sur l’île de Skye:
Comment venir? 2 solutions s’offrent à vous. Pour notre part, nous sommes venus en ferry avec la compagnie CalMac. Nous avons embarqué à Mallaig jusqu’au port d’Armadale sur l’île de Skye. C’est environ 30 minutes de traversée. L’avantage, c’est que vous arrivez plus vite sur l’île de Skye après avoir pris un bon fish and chips à Mallaig. Autre bon point, vous arrivez jusqu’au port de Mallaig par la route des îles qui est magnifique. Par contre, réservez bien votre ferry en avance, en particulier en haute saison. Nous ne sommes pas revenus de l’île en ferry mais en voiture car par l’A87, un pont relie le continent à l’île de Skye. Avantage, c’est gratuit. C’est un détour d’1h30 même si ce n’est pas un problème comme on a le temps en Ecosse. Je vous conseille de faire comme moi car ça vous donne la possibilité d’emprunter deux routes différentes.
Où réserver pour les excursions citées? Pour le Loch Coruisk, vous prendrez le Bella Jane. C’est 32£ si vous partez à la journée. Pour les Small Isles, c’est Aquaxplore pour une virée entre 3h30 et 4h00. Départ à 9h00 ou 12h30. 60£ pour un adulte, 48£ pour un enfant de moins de 14 ans.
Où bien manger? En ce qui concerne les restaurants gastronomiques, deux gros coups de cœur, le Three Chimneys (réservation indispensable) sur la partie ouest de l’île. Intéressant d’autant que cette partie est peu visitée. A Portree, le Scorrybreac (réservez quelques jours avant surtout en haute saison)est aussi un excellent choix. Ces deux restaurants modernisent la cuisine écossaise en utilisant les produits du terroir, à savoir les fruits de mer et le gibier. Un très bon choix de whisky écossais également. Pour un repas plus simple, le Cafe Sia propose d’excellentes pizzas au feu de bois et un bon choix de bières près de Broadford.
Où se loger? Chez Sandra. Une hôte Airbnb très agréable, toujours prête à discuter avec nous. Son logement se situe dans le nord de l’île près d’Uig, idéal si ensuite vous prenez comme nous le ferry vers Lewis et Harris. La vue sur la mer est magique.
MON AVIS SUR L’ÎLE DE SKYE:
La plus grand île des Hébrides intérieures est époustouflante, en partie sa partie sud. Ce voyage n’était pas mon premier sur l’île. Je voulais absolument y revenir tellement le Loch Coruisk m’avait saisi, tellement la gentillesse des Ecossais m’avait touché, tellement je ne pouvais décoller mon nez de la fenêtre de ma voiture pour admirer ses reliefs spectaculaires. Les touristes ne sont pas totalement absents mais ce n’est jamais bondé. Il est aisé de trouver une petite plage, un petit endroit sur l’herbe pour se sentir seul au monde. J’y ai passé trois jours mais j’aurais pu prolonger à la semaine pour faire la belle randonnée à partir de Glen Brittle. Récemment, un article du magazine Géo était consacré au Skye trail, à faire de préférence avec une compagnie locale spécialisée. Ce n’est sûrement pas la dernière fois que vous entendrez parler de cette île énigmatique sur ce site.